Au Burkina Faso, tout se mute selon les circonstances et les besoins du moment. Et le pagne tissé de la patrie l’a vite compris. Et Kibay Naaba aussi l’a vite remarqué. Le samedi dernier, le deuxième boss de la mère patrie, Manuel Valls était à Ouagadougou, capitale du Pays des hommes intègres. Il était à la tête d’une très forte délégation bien « vestée ». Paul Kaba Thiéba, notre chef du gouvernement avec une très forte délégation est allé à l’aéroport international de Ouagadougou pour accueillir les étrangers. Moi Kibay Naaba, je me suis dit : « voilà une occasion pour nos boss de mettre en valeur le pagne tissé par nos braves mamans ». Erreur ! J’ai joué « bidé » et je le concède.
Voilà notre PM qui apparaît accompagné principalement de Monsieur Sécurité intérieure et de Monsieur Diplomatie. Aucun fil du Faso Dan Fani n’était visible dans leurs affublements. « Oh Regardez ! On crie Faso Dan Fani ! Faso Dan Fani, mais regardez notre délégation », s’exclame un caméraman qui ne termina pas sa phrase. Comme Kibay Naaba est intelligent, il a vite compris que le pauvre cameraman déplore le port de la veste en lieu et place du pagne traditionnel. Il a oublié que c’est pour recevoir Manuel Valls, le 2e boss de « l’ancien » colon. Je me suis approché du frustré et lui ai dit : « Quand la France arrive, le Faso Dan Fani s’enfuit par la fenêtre. Il faut les comprendre, quand Valls va repartir on pourra promouvoir le soit disant Faso Dan Fani ». Heureusement qu’arrivés à Kosyam, nous remarquâmes que notre Rocco avait mis le pagne tissé par nos tisserands en exergue. Je m’approchai encore du frustré et il me glissa : « Lui au moins ! C’est ça le patriotisme ! ». En marge de la visite de Valls, le PF a accordé une interview à des journalistes.
Parlant de la valorisation des produits locaux voici ce qu’il dit en substance : « Le port du Faso Dan Fani est non seulement un symbole mais notre souhait est que ça soit vraiment une mentalité. Parce que nous ne pouvons pas développer notre économie si nous ne consommons pas ce que nous produisons. Et c’est pourquoi nous devons encourager aussi bien dans le coton que dans l’agriculture en générale la production et la consommation de nos produits. Parce que c’est bien beau de crier à la vie chère mais si nous voulons consommer les produits qui sont importés, il faut s’attendre à payer le prix qu’il faut payer. Et nous devons faire en sorte que notre culture aussi bien culinaire que vestimentaire et dans d’autres secteurs, ce qui est positif, nous puissions le mettre en exergue ». Bravo Roch, bien dit mais hélas. Faut revoir les couturiers et stylistes modélistes de ton équipe gouvernementale là dèh. Parce que, ceux qui devraient montrer l’exemple préfère le style corbeau. Moi Kibay Naaba, je n’ai pas aimé ça. Il faut que Roch tape du poing sur la table pour me satisfaire dèh. Comment comprendre qu’à défaut d’inventer, on ne puisse pas copier ? Il fallait au moins copier le style Roch ou de l’autre ministre, comme cela a été le cas lors du tout premier Conseil des ministres !
Kibay Naaba