C’est dans un contexte marqué par le combat entre la tenue ou non d’un référendum et ses corollaires qui sont la modification ou non-modification de l’article 37 que les populations burkinabè ont eu droit à une manne tombée de « Kossyam » : 10 milliards. C’est cette somme qui a été débloquée par le gouvernement pour en faire des crédits. Ces crédits sont alloués aux femmes à hauteur de 5 milliards et les 5 autres aux associations professionnelles à but lucratif.
En ce temps de jeu de Ping Pong entre le parti majoritaire, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) et l’opposition Burkinabè réunie au sein du Chef de file de l’opposition politique (CFOP) pour avoir les faveurs de la population, tous les moyens sont bons. Achat de conscience, manipulations diverses, dénigrement du camp opposé, récupération politicienne etc. Mais la dernière méthode, on la savait utilisée par le pouvoir et non l’opposition. Et pourtant, c’est ce qui semble se passer maintenant : le Mouvement pour le peuple et le progrès (MPP), parti formé à partir de caciques démissionnaires du CDP ne semble pas vouloir laisser le parti au pouvoir mener seul la danse.
De cette opération d’octroi de crédit, l’opposition la qualifie de trompe l’œil et prête au pouvoir des intentions de divertir ou de vouloir corrompre la masse pour l’éloigner du grand débat qui se déroule à savoir la tenue ou non du référendum.
Lors d’un meeting, Salif Diallo a, sur les crédits accordés aux femmes, lancé ceci : « Prenez cet argent, de toute façon si nous arrivons au pouvoir en 2015, nous allons annuler ces crédits ». C’était le samedi 7 juin. Le rompu de la politique burkinabè n’est pas passé par quatre chemins. Parlant de récupération, le CDP ne l’a sûrement pas vu venir. S’il est vrai, comme le prétendent les détracteurs du pouvoir, que ces milliards viennent en pré-campagne pour le référendum, l’intervention du 1er Vice-Président chargé de l’orientation politique vient bouleverser la donne. Autrement dit, le natif de Ouahigouya fait savoir : « dignes femmes du Faso, prenez et utilisez cet argent, nous annulerons la dette ». En termes simples, Salif Diallo conseille de « les bouffer, mais de ne pas les voter ». Comme une trainée de poudre, cette phrase lancée à Zorgho a fait le tour du Burkina suscitant regain et engouement pour les crédits.
A l’instar de ce qui s’est passé à l’arrondissement 4 de Ouagadougou lors de la reprise des municipales, le CDP avait déployé une grosse artillerie avec des millions et des sacs de riz. A leur grand désarroi, les cadeaux ont été acceptés et consommés, mais les voies ne leur ont pas été favorables par la suite. Le CDP n’a-t-il pas tiré des leçons de cette histoire ? S’il s’avère que le dessein du pouvoir, en octroyant ces crédits, est purement à but électoraliste, il va falloir recalculer et repositionner les cartes, car le gibier est en train de leur filler sous les pattes.
Mais sommes-nous tentés de nous poser plusieurs questions. Salif Diallo a-t-il mesuré l’ampleur de ces propos ? Est-ce l’euphorie de la manifestation qui a conduit à cette adresse ? Dans ces conditions, est-ce à dire qu’une fois que le MPP sera au pouvoir, le Fonds burkinabè de développement économique et social qui s’occupe de l’octroi et du recouvrement des crédits disparaîtra ?
Se voient-ils, avec ses collaborateurs, déjà au pouvoir ? De toute évidence, on a fait comprendre à beaucoup de personnes que ces fonds viennent de la poche du locataire de Kossyam. Alors, en ces temps d’incertitudes et de campagne, le citoyen lambda en profitera au maximum. A vrai dire, entre prendre et payer et prendre et ne pas payer, le vote est vite fait.
La Rédaction