« Blaise Compaoré, le règne d’un Ange : paroles d’1 (un) insurgé », l’Essai politique de Adama Siguiré

Il s’appelait Noël Isidore Thomas Sankara. Il est devenu le président de la Haute Volta le 4 août 1983. Une année plus tard, soit le 4 août 1984, il rebaptisa son pays du nom du Burkina Faso. Je ne l’ai vraiment pas connu…En 1987, j’avais à peine six ans. Je n’ai rien connu de la Révolution de Thomas Sankara. Je vivais pourtant dans mon pays, mais n’existais pas…

« Sankara est culoté, dira-t-on. Il regarde les Blancs en face. Ils osent leur dire ce qu’ils ne veulent pas entendre. Thomas Sankara et Blaise Compaoré n’avaient pas la même idéologie. Sankara disait ce qu’il pensait. Compaoré disait ce qu’il voulait. Sankara désirait le bien de son peuple. Compaoré désirait son bien personnel et de celui de sa famille. Sankara était un existentialiste. Blaise était un hédoniste. Sankara suivait sa raison. Compaoré était sous l’emprise de sa passion. L’histoire dit que Sankara était au courant de tout cela…

 Sankara osait défier la grande France, la France des colons et de la colonisation, la France patrie de l’impérialisme absurde et éhonté. Il voulait que le Noir soit vraiment noir… Il luttait ainsi contre la déculturation…

L’histoire dit donc que la France demanda à la Côte d’Ivoire de l’aider à mettre fin à la Révolution de Thomas Sankara. Félix Houphouet Boigny était dans la jupe de la France. Houphouet Boigny prêta alors main forte à la France. Pour vider la Révolution de tout son contenu, Félix Houphouet Boigny fit de Blaise Compaoré son ami…

Le jeudi 15 octobre 1987 à Ouagadougou, au siège du Conseil de l’Entente, le capitaine Noël Isidore Thomas Sankara a été écrasé par les balles qui provenaient d’un groupe de militaires. On dit qu’ils étaient de la garde rapprochée de Blaise Compaoré…

Ainsi, après l’assassinat de Thomas Sankara, Blaise Compaoré s’empara du pouvoir, tel un vautour, du fauteuil présidentiel maculé du sang de son ami et compagnon d’armes. Blaise Compaoré entrepris le processus de rectification…», peut-on lire, entre autres, les premiers mots du livre de Adama Siguiré. Premiers mots qui évoquent également la façon d’accession au pouvoir de tout « tyran » et ses premiers crimes.

L’auteur, Adama Amadé Siguiré

 Dans l’essai politique Blaise Compaoré, le règne d’un Ange : paroles d’1 (un) insurgé que Adama Amadé Siguiré met à la disposition de ses lecteurs, l’auteur retrace non seulement les conditions d’accession de Blaise Compaoré au pouvoir, mais aussi de son règne pendant les 27 années. Le tout premier Essai politique de Adama Siguiré qui révèle les différentes facettes de l’Enfant terrible de Ziniaré a été dédicacé sous le parrainage de l’ancien député du CNT, Anselme Somda. Le révolté comme il faut l’appelé, tire à boulets rouges sur le règne de Compaoré. Un règne caractérisé essentiellement par des crimes économiques et de sang et la perte d’intégrité de l’Homme intègre. Y sont notés essentiellement la corruption, la gabegie financière, les détournements de deniers publics,… Les assassinats de ses camarades d’armes, du chauffeur de son petit frère, David Ouédraogo, du journaliste Norbert Zongo… y sont retracés. La négligence des secteurs sociaux tels la Santé, l’Education, sont mis au compte du natif de Ziniaré tout au long de son règne. Par ailleurs, la fin du règne (l’insurrection populaire) du « tyran » est passée à la loupe. Parmi les acteurs, Adama Siguiré cite nommément, des organes de presse, des acteurs de la société civile, des politiques, dres intéllectuels… Sont également appelés à la barre les « intellectuels » et autres acteurs qui par leur « perfidie », leur « indignité », leur « bassesse », leur « irresponsabilité légendaire » ont permis à Blaise Compaoré d’asseoir son pouvoir. « Puisse Dieu maudire à jamais celui qui ôte le pain de la bouche de tout un peuple », condamne l’avant-propos du livre.

« C’était un homme insensible à la souffrance d’autrui »

Pourquoi le règne d’un ange ?! L’auteur dit avoir choisi un tel titre dans le souci de l’ironie. Car, justifie-t-il, selon les partisans de Blaise Compaoré, il est un ange. Mais selon lui, il y a à s’interroger si Compaoré est vraiment un ange. D’où le point d’interrogation. D’aucuns répondront par l’affirmative et/ou la négative. Mais, lui émet un doute sur ceux qui opteront pour l’affirmative. D’où le point d’exclamation. « Blaise Compaoré était un homme sans état d’âme. Il n’avait pitié de personne et il n’avait jamais ressenti de la peine. C’était un homme insensible à la souffrance d’autrui. Il restait de marbre face à tous les événements…Il inspirait une grande peur à tous les Burkinabè », indiquent quelques lignes de l’Essai.

Devancer les historiens qui voudront un jour remettre en cause l’Insurrection

Selon l’auteur, trois choses ont guidé son œuvre. La colère (contre le régime de Blaise Compaoré), l’immortalité (demeurer éternel à travers son livre mais aussi inscrire l’insurrection populaire dans les annales de l’histoire) et la passion d’écrire. La seconde motivation sus-citée s’explique par le fait que d’ici cinq années, l’insurrection populaire peut être dévoyée et décriée par certains historiens. Adama Siguiré prend pour preuve la Révolution qui a été dévoyée par ses propres animateurs après l’assassinat de Thomas Sankara.

Cet essai politique, à en croire son auteur, a été rédigé en deux semaines (du 8 au 22 novembre 2014). Adama Siguiré, conférencier et consultant en principes de relations humaines, est né en 1981 dans le Yatenga. Il a fréquenté la faculté des Lettres à l’Université de Ouagadougou. Le règne d’un Ange ?!: Paroles d’un insurgé est évalué à 227 pages reparti en huit chapitres coûte 3000 F CFA. Il promet la sortie d’un livre pour très bientôt sur les réussites et les échecs de la Transition.

« Vive le peuple burkinabè,

Vive l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014,

Vive la démocratie,

Vive la plume », les derniers mots de  Le règne d’un Ange ?!: Paroles d’1 (un) insurgé

Par Awa Traoré