samedi 25 mars 2023
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Assassinat de Thomas Sankara: les confidences de Blaise Compaoré deux semaines plus tard

A l’occasion du 28e anniversaire de l’assassinat du père de la Révolution burkinabè, Thomas Sankara, 226infos.net vous propose l’interview qu’a accordé l’ancien président, Blaise Compaoré à Jeune Afrique. Un entretien réalisé deux semaines (4 novembre 1987) après le carnage au Conseil de l’Entente. Lisez.

Jeune Afrique : Vous avez désormais sur la conscience, et sans doute pour toute votre vie, la mort de votre meilleur ami, Thomas Sankara…

Blaise Compaoré : J’aurais pu l’avoir sur la conscience si j’avais ordonné de l’abattre. Or ce n’est pas le cas. C’est pour avoir voulu nous liquider, Jean-Baptiste Lingani, Henri Zongo et moi, qu’il s’est fait abattre par des soldats qui me sont fidèles.

Maintenant qu’il est mort, vous ne risquez pas d’être contredit.

Il est mort, et c’est bien dommage en effet. Nous les Africains, nous sommes très sensibles à la mort. C’est d’ailleurs pourquoi même ceux qui pouvaient le détester affichent une certaine consternation. Je suis moi-même très triste, parce que la mort de Thomas n’était pas la condition sine qua non pour régler les sérieux problèmes qui se posaient à notre révolution.

Alors qui l’a tué, et pourquoi ?

Les soldats qui partaient pour l’arrêter ont été obligés de faire usage de leurs armes lorsque Thomas Sankara et sa garde personnelle ont ouvert le feu sur eux.

Qui avait ordonné de l’arrêter ?

Les soldats ont pris eux-mêmes cette initiative, quand ils ont été contactés pour participer à notre arrestation et à notre élimination.

Dans votre armée, n’importe quel militaire peut ainsi décider d’arrêter le chef de l’Etat, sans y avoir été invité par ses supérieurs ?

Ils m’ont expliqué, après le drame, qu’ils savaient que je n’aurais pas accepté de faire arrêter Thomas s’ils venaient m’annoncer que celui-ci préparait notre assassinat, à 20 h ce jeudi 15 octobre.

Pourquoi ?

Connaissant mon amitié pour lui, ils savent que je n’aurais pas pris une telle décision sans preuve des projets du président.

Quelles preuves avez-vous aujourd’hui pour excuser la dramatique initiative de vos soldats ?

Lorsque je suis arrivé au Conseil de l’Entente après la fusillade et que j’ai vu le corps de Thomas à terre, j’ai failli avoir une réaction très violente contre ses auteurs. Cela aurait sans doute été un carnage monstre dont je ne serais certainement pas sorti vivant. Mais quand les soldats m’ont fourni les détails de l’affaire, j’ai été découragé, dégoûté. Je suis resté prostré pendant au moins vingt-quatre heures. De plus, j’étais malade et dans mon lit quand les coups de feu m’ont réveillé.

Et vous avez ordonné d’aller l’enterrer sommairement dans le cimetière des pauvres, à dix kilomètres de Ouagadougou ?

Non ! J’avoue que je ne me suis pas occupé de cela. Dans mon esprit, les corps des victimes devaient être transportés à la morgue et être restitués ensuite à leur famille. C’est seulement le lendemain que j’ai appris qu’ils avaient été enterrés à Dagnien. Thomas Sankara ne peut pas être enterré ailleurs qu’au cimentière des militaires. Le Front populaire va d’ailleurs prendre les dispositions qu’il faut pour cela.

Pourquoi n’a-t-on pas demandé d’explications à ceux qui l’ont tué ?

Vous savez, nous sommes des militaires. Thomas a personnellement vidé son chargeur. Le seul gendarme qui ait été abattu dans cette fusillade l’a été par le président. On ne peut pas reprocher à des militaires de riposter quand on tire sur eux. D’autre part et contrairement à vous, les journalistes étrangers, notre préoccupation première a été de proposer tout de suite quelque chose de concret à notre peuple, pour poursuivre la révolution et ne pas risquer de tomber dans les travers qui ont conduit au drame que nous déplorons tous.

Que proposez-vous, à présent, à votre peuple ?

Quand j’ai demandé à mes hommes pourquoi ils avaient arrêté Sankara sans me le dire, ils ont répondu que s’ils l’avaient fait, j’aurai refusé. Et c’est vrai. Je savais que mon camp politique était fort. Thomas ne contrôlaient plus l’Etat. Je n’avais plus besoin de faire un coup d’Etat. Mais mes hommes ont pris peur quand ils ont appris l’après-midi que nous devions être arrêté à 20h.

J’ai assumé, sans chercher plus loin, les conséquences de leur acte.

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4 Commentaires

  1. Faut pas nous prendre pour bête ,on n’est pas des moutons!Ton actes est tout simplement sacrilège et le reconnaître n’est pas criminel

  2. Voila UN TUEUR SURPLOMBER D UN ESPRIS MENTEUR..
    IL AURRA LA HONTE DE SA VIE OU CA COMMENCE ..

  3. La Montagne d'Afrique

    Le Président Thomas SANKARA n’a jamais cherché a arrêter personnes des 3 autres pers de la révolution du 04 Août . La preuve est qu’une année plus tard , les infortunés Commandant Jean Baptiste Lingani et le Capitaine Henri ZONGO ont été accusés de velléités de Coup d’état et exécutés sommairement sans le moindre procès . Qui voulait arrêter et éliminer qui?
    Et quand Blaise dit que son camp politique était fort, il doit plutôt dire le camp des réactionnaires que Sankara Combattait et que lui Blaise coalisait pour assouvir son carnage du 15 octobre 2015 et son accession au pouvoir de façon éhontée. Sinon, quelle forces d’arguments politiques avaient t’il en face de Thomas SANKARA ? Si ce n’est la force des intrigues et des manigances. Les résultats est la aujourd’hui: THOMAS SANKARA est un héros mondial et les millions de sankara nés après sa mort , t’ont chassé du pouvoir et du Burkina Faso comme un mal propre . Quelle triste fin ? Nous attendons ton procès pour que tu donnes des explications sur l’assassinat de Tom Sank , de Jean Baptiste Lingani , de Henri Zongo , de Oumarou clément Ouédraogo, Norbet Zongo , le juge Nebie sans parler des règlements de compte dans ton propres camps qui a fait des familles endeuillées .
    GLOIRE ÉTERNELLE AU PRÉSIDENT THOMAS SANKARA,
    GLOIRE ÉTERNELLE AUX MARTYRS DES 30-31/10/14 ET DU 17/09/15
    VIVE LE VAILLANT PEUPLE BURKINABÉ EN LUTTE POUR LA DÉMOCRATIE
    VIVE LE BURKINA FASO

  4. Mr ce qui est faut si ce Mr se souvien quand le camarade Thomas disait je suis concient du danger mais je ne peux pas attaquer blaise car le peuple ne va rien comprendre et quel explication donnera ace peuple et il mettait en garde tous millitaire qui s’opposerait a ce que blaise prepare je le fuseai a laplace de la revolution et demissionne ne toucher meme pas un cheveux de blaise
    Est ce que ce Thomas cherchait a te t’areter soyont seurieux

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