mardi 6 juin 2023
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St Valentin
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SAINT VALENTIN

A qui profite le business? 

Nous sommes déjà en pleins préparatifs de la Saint Valentin. La fête des amoureux sera vécue avec plus davantage de faste, plus de fleurs, plus de bises, plus de cartes de vœux et …plus de déceptions.

L’on éprouve de la peine à parler de cette manifestation grandissante sans reconnaître les dimensions préoccupantes sous nos cieux où les fêtes sont synonymes de sacrifices et de renoncements. Malin  qui, remontant le cours de l’histoire, pourra indiquer la date à laquelle la fête des amoureux a été adoptée par les Burkinabè. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la Saint Valentin dont on se soucie souvent peu d’en savoir les tenants et les aboutissants, nous est arrivée incognito comme tout phénomène social. Pas besoin de chercher, la Saint Valentin s’offre aujourd’hui à la plupart des Burkinabè, tous âges confondus. Elle se fraie même de la place dans leurs préoccupations et dans leur budget. A son approche, quand bien même vous y pensez peu ou prou, les signes sont là pour vous annoncer un événement d’un genre particulier. Parcourez les rues, leurs abords s’éveillent à la sémiotique de l’amour ; tout semble devenu rose autour de vous.

Et une économie de la Saint Valentin est née

Les vendeurs de gadgets vous le font savoir. En effet, un tour dans la ville  et vous rentrez convaincu du sérieux mis par les commerçants et autres vendeurs ambulants, pour accompagner le phénomène, sinon en tirer simplement profit. Des gadgets importés, tout aussi fantaisistes que les façons d’exprimer l’amour en ce bas monde vous agressent à chaque coin de la rue. « Cartes de vœux, pagnes, tee-shirts, bijoux de Saint Valentin sont là, prenez, achetez… », proposent des vendeurs dont certains ne cachent pas leur intrusion dans le métier,  à la faveur de la fête des amoureux. Qu’à cela ne tienne, il faut satisfaire une clientèle  diverse et plus nombreuse d’année en année.  Seriez-vous de ceux qui se réservent à y aller, vous assumerez votre sentiment de vous reconnaître en marge d’un phénomène sans paternité sous nos cieux. Un non-événement ?  Non, dans la mesure où les passions qui se déchainent sont incontestables parce que les raisons de prendre part à l’événement existent bel et bien. Interrogés sur leurs intentions à l’occasion de la Saint Valentin, les Burkinabè ont des réponses variées, mais se reconnaissent dans leur projet de ne pas rester en marge. « Moi aussi, je veux montrer à ma Valentine que je l’aime » ; « Je vais offrir une carte, c’est notre fête» ; « C’est une fête comme les autres, non ? » Pour peu que l’on gratte, l’on découvre qu’une intention peut en cacher une autre : « C’est l’occasion pour moi de voir ou de  vérifier s’il (elle) m’aime encore » ; « La Saint Valentin, c’est aussi pour ceux qui veulent reprendre». Si vous avez sacrifié au rituel des cadeaux, attention, dans les maquis, bars et autres lieux de loisirs, des promoteurs d’activités ont pensé à vous et tiennent à avoir leur part du gâteau dans le budget que vous avez pu dégager pour l’événement. En effet, font également partie de l’économie de la Saint Valentin, un ensemble de communications sur des soirées et spectacles, qui rivalisent d’ailleurs d’originalité. C’est surtout à qui proposerait le divertissement le moins burkinabè, comme pour coller amour, glamour avec exotisme. Au total, c’est de cela qu’il s’agit car, tandis que les fêtes coutumières au village ont du mal à trouver grâce à nos yeux, un phénomène importé, auquel on est originellement exclu, prend des allures d’une cause importante. Travers et exagérations garanties ! Reconnaissons d’emblée dans la Saint Valentin une opportunité d’affaires annuellement attendue, un business dont les bénéficiaires entretiennent aujourd’hui artificiellement sa place dans notre société, après avoir réussi à en faire un phénomène. Il s’ensuit une complicité qui ne dit pas son nom, entre clients et promoteurs de services et gadgets. Si au final, des chiffres d’affaires en sont améliorés annuellement, l’arbre ne doit pas cacher la forêt. Observez les gadgets vendus, ce sont des produits dont l’acquisition ne se fait pas sans sortie de devises pour notre pays qui en a tant besoin. On peut tout de même se poser la question sur l’impact économique de la Saint Valentin sur les bourses individuelles et à l’échelle nationale. A qui profite la Saint Valentin ? se demanderait-on finalement. Malheureusement, concernant les effets pervers de cette fête, il n’y a pas un sans deux. Quoi que l’on dise, elle revêt un aspect culturel qu’il est difficile d’ignorer. Tout comme il serait mensonger de nier d’une manière générale notre réceptivité à certaines pratiques culturelles. Tant pis si nous tenons parfois des rôles ridicules ; l’explication peut se trouver dans notre fragilité culturelle qui nous expose, mais aussi à notre manque de personnalité. Il est possible de voir en cela les avatars de la mondialisation qui, en plus de briser des frontières économiques, vulnérabilise les pauvres. Le modèle serait au sens de la mondialisation, l’information ou la valeur défendue par les plus riches. Fort heureusement, une notion chère aux philosophes de cette mondialisation, qui devrait nous intéresser, est celle de la diversité culturelle et de la préservation de cultures minoritaires. Un éventuel projet de construire le Burkinabè culturellement fort s’en trouve ainsi défendu. C’est à juste titre que le poète martiniquais Aimé Césaire (Discours sur le colonialisme), met en garde contre toute  « civilisation qui s’avère incapable de résoudre les problèmes qui suscitent son développement ».

Les origines de la Saint Valentin

Revenant à la Saint Valentin devenue « notre » fête des amoureux, souvenons-nous qu’elle tire son origine d’un malheur survenu à un prêtre dont elle porte le nom. Valentin aujourd’hui saint-patron des amoureux ne le serait pas devenu s’il n’avait enfreint une loi du roi Claude II dans la Rome antique. Celui-ci dans le but d’obtenir des soldats disponibles interdit le mariage. Pour faire le bonheur des jeunes fiancés, Valentin entreprit de célébrer leur union dans la clandestinité. Dénoncé, il fut condamné à mort. Lors de son séjour en prison, il tomba amoureux de la fille du geôlier, à qui il adressa un billet où il écrivit signé « Ton Valentin ».  Des siècles après, John Ruskin nous enseigne quand même qu’ « il n’y a pas d’autre richesse que la vie, la vie comprenant toute puissance d’amour, de joie et d’admiration ».

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