Dans un article précédent, nous vous avions proposé les confessions d’Adama, un homosexuel vivant au Burkina. Cette fois-ci, nous avons approché des leaders religieux pour avoir la position des religions sur le sujet. Nous avons ainsi rencontré Iman Ismaël Tiendrebéogo et l’Abbé Jacob Yoda. Voici ce que les Livres Saints pensent de l’homosexualité.
Ismaël Tiendrebéogo, Iman de l’Association des élèves et étudiants musulmans du Burkina (AEEMB) et du Cercle d’études, de recherche et de formation islamique (CERFI)

« La tradition musulmane relativement à l’homosexualité s’inscrit exactement dans les révélations antérieures que sont la Torah et l’Evangile de Jésus (allékoum salam) pour condamner cet acte comme ne répondant pas à ce que Dieu a prévu pour l’être humain en matière de sexualité et même de préservation de l’espèce humaine.
Dans le Saint Coran, il n’y pas de Sourate qui en parle expressément. Ce que le Coran dit, c’est que le peuple de Lot fut le premier à commettre cette abomination, en désignant l’acte comme une abomination sans dire clairement de quoi il s’agissait. C’est l’explication que le prophète (saw) nous a donnée et qui va faire référence à cette homosexualité. Donc, il n’y a pas une sourate dans le Coran qui parle directement de cela, mais dans la tradition du prophète (saw) effectivement, il y a beaucoup de hadiths qui reviennent sur cette question. Et comme je l’ai dit, ce sont des hadiths qui interdisent l’homosexualité comme n’étant pas conforme à la nature que Dieu veut de l’être humain, également comme étant un danger pour la préservation de l’espèce humaine. Dans la Sourate 4, verset 1, Dieu dit : « Ô hommes! Craignez votre Seigneur qui vous a créés d’un seul être, et a créé de celui-ci son épouse, et qui de ces deux-là a fait répandre (sur la terre) beaucoup d’hommes et de femmes. Craignez Allah au nom duquel vous vous implorez les uns les autres, et craignez de rompre les liens du sang. Certes, Allah vous observe parfaitement». Ce verset dit clairement que c’est à partir d’un homme et d’une femme que Dieu a fait proliférer beaucoup d’hommes sur la terre. Dans la sourate 49, verset 13, Dieu dit également : « Ô hommes! Nous vous avons créés d’un mâle et d’une femelle et Nous avons fait de vous des nations et des tribus, pour que vous vous entre-connaissiez. Le plus noble d’entre vous, auprès d’Allah, est le plus pieux. Allah est certes Omniscient et Grand-Connaisseur». Quand on met côte à côte ces deux versets, l’idée de la reproduction humaine va dans le sens du mariage hétérosexuel et c’est l’une des finalités du mariage en Islam. La satisfaction de l’instinct sexuel que Dieu a placé en nous, que l’Islam ne considère pas comme une vilenie, mais comme une part de la miséricorde de Dieu.
Une autre finalité est d’assurer la prolifération du genre humain pour éviter que l’espèce humaine ne s’éteigne. Aussi, que le mariage soit le cadre spirituel dans lequel les époux s’épaulent mutuellement dans l’adoration de Dieu.
Si jamais une loi sur le mariage ou la légalisation de l’homosexualité passe, les musulmans penseront que le législateur burkinabè n’aura pas tenu compte des réalités socio-culturelles du Burkina. La population burkinabè est très attachée aux valeurs religieuses. Deuxièmement, il se peut que cette loi passe parce qu’on voit qu’au niveau international, il y a une pression. On a vu le cas du Malawi. Il y a quelques années, Hillary Clinton avait dit que l’aide américaine serait désormais subordonnée au respect des droits de la minorité, notamment homosexuelle. Avec cette pression, il se peut qu’à un certain moment, le Burkina ne puisse pas tenir. Mais si cela se faisait, ce serait au détriment des valeurs religieuses et coutumières qui caractérisent les Burkinabè qui ne sont pas si laïcisés au point de rejeter les prescriptions divines.
Ce qu’on pourrait faire, c’est sûr qu’il y aurait de la protestation, des écrits pour dénoncer, des sensibilisations à l’endroit de nos frères et sœurs et surtout une synergie et convergence de vue avec les autres croyants du Burkina Faso pour gérer ce défi. Il serait difficile pour le Burkina de résister à une pression étrangère. Nous avons des pays sous perfusion, des pays pauvres très endettés et de ce point de vue, nous n’avons pas assez de ressources nationales pour faire fonctionner notre administration et c’est l’extérieur qui nous vient le plus souvent en aide. Quelque part, on est entre le marteau et l’enclume. Le cas du Malawi est parlant. Ils avaient leur loi anti-homosexuelle et sous la pression des Occidentaux, cette loi a été abrogée. Cela me rappelle ce que disait un forumiste : « Pour une poignée d’individus, on brime la grande masse ». Quelque part, les Etats-Unis nous disent de respecter le droit des minorités même si pour cela, on peut piétiner le droit de la majorité. Au Burkina, nous sommes 16 millions. Si on devait avoir une punition collective parce que le Burkina aurait refusé d’aller dans le sens des bailleurs, ce serait aussi injuste. Conditionner l’aide publique au développement, c’est nous tordre la main dans le dos et c’est dommage. Actuellement, il y a beaucoup de choses à comprendre et les éléments qui nous sont servis ne vont pas dans le bon sens. »
Abbé Jacob Yoda, Chancelier de l’Archidiocèse de Ouagadougou

« L’Eglise voit en l’homosexualité, malheureusement, une réalité qui est présente dans le monde et ces derniers temps, on en parle beaucoup dans les médias. L’homosexualité est définie comme une tendance ou une orientation sexuelle où des personnes de même sexe sont attirées sexuellement. L’Eglise trouve assez curieux qu’on veuille imposer ce fait comme une sexualité normale ou comme un genre de vie qu’on a le droit de choisir au nom du droit à la différence.
En effet, dans son enseignement, l’Eglise reconnait qu’à l’origine, selon le bon ordre des choses, Dieu a créé l’homme et la femme et l’un va vers l’autre pour procréer en vue de perpétuer le genre humain. Le mariage est donc conçu entre un homme et une femme. Maintenant que l’on veuille non seulement encourager mais imposer à des sociétés un fait qui concerne une infime minorité et dire que l’homme peut aller vers l’homme et la femme vers la femme, on trouve cela contre-nature. C’est contre-nature parce qu’au départ, la nature n’a pas disposé ainsi les choses. Et c’est pourquoi on se permet d’affirmer que c’est une déviance, puisqu’on quitte la voie normale des choses pour emprunter une autre voie qui est étrangère à la nature humaine et à la prescription de Dieu. Dans ce sens, l’Eglise ne reconnait pas l’homosexualité sans pour autant rejeter les personnes qui ont cette déviance. Elles restent des enfants de Dieu appelés à se convertir.
Il y a la notion du péché et les actes homosexuels vont dans ce sens. Quelqu’un qui s’adonnerait à ces pratiques commet des fautes graves que nous appelons péchés. En tant que péché, on peut le confesser, se convertir et abandonner cette voie. L’Eglise considère les homosexuels comme des personnes qui ont besoin de s’amender par le sacrement de la confession. Mais si, en dehors des actes, ces personnes disent qu’il s’agit de leur nature, l’Eglise ne les condamne pas et ne peut pas non plus les encourager. La morale commune de l’Eglise ne reconnait pas l’homosexualité.
Il y a des passages dans la Bible qui n’acceptent pas et qui rejettent l’homosexualité. Dans l’ancien Testament, dans Lévitique Chapitre 18 verset 22, il est dit : «Tu ne coucheras pas avec un homme comme on couche avec une femme. C’est une abomination ». Là-dessus, c’est clair. L’homosexualité est une abomination. Et dans le nouveau Testament, même si l’homosexualité n’est pas expressément nommée, on sent la position de Saint Paul qui a écrit aux Romains, 1er chapitre verset 7 : « Aussi Dieu les a-t-il livrés à des passions avilissantes car leurs femmes ont échangé les rapports naturels pour des rapports contre-nature. Pareillement les hommes, délaissant l’usage naturel de la femme, ont brûlé de désir les uns pour les autres perpétrant l’infamie d’homme à homme et recevant en leur personne, l’inévitable salaire de leur égarement». Il y a aussi d’autres passages entrant dans la condamnation du péché avec les différentes autres formes de péchés (la gourmandise, l’impureté, etc.).
Il n’y a pas lieu d’imposer le mariage homosexuel
L’homosexualité entre dans le cadre du péché et l’on dit que le péché est rémissible. On peut donc demander pardon et ne pas encourir l’enfer. Quand l’Eglise s’oppose à l’homosexualité, ce n’est pas pour dire que les homosexuels sont voués à la perdition. C’est pour dire que ce n’est pas ce que le Créateur a voulu dès le départ pour l’humanité. Ce n’est pas à l’Eglise de mettre quelqu’un en enfer, mais selon la révélation de la parole de Dieu, que chacun s’en inspire pour suivre le droit chemin.
Les Occidentaux qui voudraient conditionner l’aide au développement à l’acceptation ou à la légalisation du mariage homosexuel, j’appellerais cela de la dictature. Il n’y a que quelques nations qui ont épousé cette idée du mariage et qui veulent l’imposer aux autres. On ne peut pas imposer cette manière de vivre à des nations qui n’ont pas cette tendance. C’est passer par des moyens malhonnêtes pour s’imposer. Si toute société a sa manière de penser et si l’on veut respecter la culture de l’autre et sa différence, il n’y a pas lieu d’imposer le mariage homosexuel. Mais si dans le monde il y a suffisamment d’homosexuels, qu’on leur trouve un statut social, mais qu’on n’aille pas à l’imposer à toute l’humanité.
Si jamais, le Burkina venait, sous la pression des partenaires, à légaliser le mariage homosexuel, ce ne serait pas de gaieté de cœur que l’Eglise l’accepterait. Les gens ne sont pas préparés à cela, et je pense que c’est une crise que cela va provoquer. Je ne suis pas un prophète de malheur, mais voyant la société dans laquelle nous vivons, je crois que cela ne sera pas de tout repos. Si parce qu’on souffre de faim, il faut vendre son âme pour avoir à manger, subsister, ce n’est pas la solution. Je pense qu’il y a une autre voie, c’est celle du développement sincère qu’il faut retrouver. Même si on ne peut pas s’auto-suffire, on peut faire du mieux pour subvenir à nos besoins. On peut faire une loi, mais les populations peuvent ne pas la respecter et décider de se faire justice pour s’en prendre aux homosexuels. »
Propos recueillis par Fréderic WendKouni OUEDRAOGO
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et : Un crime contre l’humanité : la revendication du droit à l’homosexualité (du Pr Laurent Bado)
Je suis tout simplement pas d’accord avec ces religieux, car on parle quel s homosexuel s on parle de nos frères et nos soeurs qui ne sont pas hétérosexuels, mais qui sont burkinabe qui ne sont pas français , ni belges encore moins chinois, ils sont chez eux.
Nous devons respecter la différence entre nous. Et en plus de quel droit ces religieux s’ méprenne aux homos.
Ils faut qu’ils sachent que le burkina est un pays de droit et nous luttons contre le pouvoir pour le respect de nos droits de notre liberté, liberté qui est garantie par la constitution pour tous les burkinabe y compris les homosexuels.
Je suis pas homosexuel mais je pense que c’est leur vie.