mardi 6 juin 2023
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Burkina Faso : Savoir circonscrire la crise à temps !

A l’orée de l’année 2020, tous les signaux indiquaient que le Burkina Faso allait connaître une année faite de gros défis à relever. Les échéances électorales et ses implications, la situation sécuritaire qui se dégrade avec son cortège de malheurs et le front social qui s’annonçait agiter avec cette décision du Premier ministre, Christophe Dabiré d’étendre l’IUTS sur les primes et indemnités des agents du public. Cette décision prise de concert avec les militants du MPP en septembre 2019 portait les germes d’un conflit social inévitable… Mais, le patron de la primature l’a souhaitée ainsi.

A défaut de ne pouvoir apporter une réponse décisive et pertinente face à l’insécurité qui sévit au Burkina Faso depuis les cinq dernières années, les autorités devraient s’activer à réussir le maintien de l’accalmie sur le front social. Cela est suffisamment important, ce d’autan plus que cette accalmie impactera sur la sécurité du pays. Les attaques meurtrières fréquentes, les milliers de déplacés et tout le drame que crée l’insécurité devrait convaincre les autorités à aller au-delà des discours pour créer une véritable union sacrée contre les forces obscures qui font baver l’intégrité de la République.

Les arguments avancés par les autorités pour justifier l’extension de l’IUTS sur les primes et indemnités des agents du public peuvent être à priori pertinents, mais ils fondent entièrement et passent pour ridicule lorsqu’ils sont confondus à la réalité. Il est incongru de demander aux contribuables de continuer à payer des impôts et à vouloir les contraindre à payer plus d’impôts, au point de les misérabiliser, et au même moment accorder une sorte d’immunité aux spécialistes de la surfacturation, aux corrompus attitrés, aux spécialistes des détournements de fonds pourtant sur des centaines de milliards de franc cfa. Et qu’au même moment des exonérations, portant sur des milliards de franc cfa, sont accordés à des acteurs économiques qui n’ont rien à foutre du développement du Burkina Faso ; et qu’avec certaines assurances, des entreprises se foutent du Burkina Faso et de sa population en donnant des chèques sans provisions aux impôts. Ce ne sont certainement pas des niches pour renflouer les caisses de l’État qui manquent. Il appartient d’abord à l’État de prendre ses responsabilités, son indépendance vis-à-vis des Institutions comme le FMI et la Banque mondiale, qui sont dans leur rôle de vouloir appauvrir les masses populaires au profit des multinationales. Sans cette indépendance, les travailleurs et les autres couches sociales seront vus comme des bêtes de somme qu’il faut toujours pressurer pour servir l’intérêt des multinationales. Et naturellement, les masses populaires ne sauront permettre qu’on vienne les arracher leur droit de vivre décemment et honorablement sur terre.

Sur la question de l’IUTS, les premières autorités du pays le savent mieux que quiconque, le mouvement syndical ne reculera pas. C’est certain. Les mouvements annoncés ne seront pas également suspendus tant que le gouvernement restera dans sa logique de spectateur. Il appartient aux autorités burkinabè d’approcher leurs partenaires sociaux à temps pour ne pas surchauffer davantage le front social, pour circonscrire une crise supplémentaire qui va fragiliser le tissu social et faire l’affaire des enturbannés qui se frottent les mains.

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