Le bras de fer entre les autorités du Ministère de l’Economie, des finances et du développement et les Syndicats se durcit. Au lendemain du Conseil des ministres du jeudi 31 mai 2018, les agents du département ministériel dirigé par Rosine Coulibaly ont tenu une assemblée générale à Ouagadougou pour faire le bilan des actions menées et dégager des perspectives. Et à l’issue de cette Assemblée générale, il a été décidé de la reconduction du sit-in pour une période de deux semaines à compter de ce lundi 04 juin jusqu’au 15 juin 2018. Ce sit-in sera suivi d’un mot d’ordre de grève de deux semaines. C’est dire que l’économie et les finances burkinabè connaitront une paralysie entière durant tout ce mois de juin si rien n’est fait… Et ce n’est ni le gouvernement, ni les Syndicats et les travailleurs qu’ils représentent qui payeront le lourd tribut de cette paralysie.
Pour le Gouvernement, il s’agit de contrer les assauts syndicaux sur les ressources du pays. Il ne faudrait donc pas tout céder aux travailleurs de la fonction publique burkinabè au risque de voir la capacité d’investissement du pays dégringoler davantage surtout dans un contexte sécuritaire précaire. Et pour y arriver, la stratégie de la fermeté entamée surtout avec la Coordination nationale des syndicats de l’éducation (CNSE) a été déployée pour le cas de la Coordination des syndicats du ministère en charge de l’Economie et des finances (CS-MEF). La position ferme et immuable du gouvernement face aux revendications de la CS-MEF, loin de contraindre cette dernière à la repentance a plutôt renforcé sa volonté de se battre pour la satisfaction de sa plateforme.
Pour la CS-MEF, il s’agit de tuer dans l’œuf les velléités de liquidation des acquis syndicaux et des libertés syndicales arrachées à l’issue de plusieurs années de lutte acharnée contre les pouvoirs successifs. La Coordination estime que le gouvernement est plus préoccupé à trouver la parade pour liquider les acquis des travailleurs et à réduire le champ des libertés syndicales au Burkina Faso, bien plus que la résolution des préoccupations inscrites dans la plateforme revendicative des travailleurs. Il n’en faut pourtant pas plus pour que les Syndicats, jaloux de leurs acquis, sortent les griffes.
Le dialogue de sourd qui se mène entre les deux acteurs, est l’une des conséquences du radicalisme dont fait montre les deux parties. Et justement dans ce contexte, l’intervention d’un médiateur ne peut qu’être pertinente. Saran Sérémé qui s’est autosaisie du dossier et a proposé sa médiation ne pouvait pas mieux faire. Elle a réussi à se faire accepter comme médiateur et a rencontré les deux parties de façon distincte, mais jusque-là rien ne bouge véritablement. Pire, depuis sa première rencontre avec la Coordination le 28 mai jusqu’à celle avec les responsables du Ministère de l’économie et des finances le 02 juin dernier, la situation s’est considérablement dégradée, comme jamais elle ne l’a été. Dame Sérémé devra user de beaucoup de tact dans cette affaire surtout que nonobstant son ‘’danfani’’ de Médiateur du Faso, elle est politiquement mouillée. Et évidemment, les Syndicats n’hésiteront pas à le lui rappeler de fort belle manière si cette médiation est faite par procuration. Qu’à cela ne tienne, après avoir réussi à se faire accepter comme médiateur dans cette crise, elle devra définir les conditions d’un dialogue serein et prometteur d’espoir. Rien d’intéressant ne pourra ressortir d’un dialogue entre les autorités burkinabè et les responsables de la Coordination dans un contexte aussi explosif.
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